19 mai 2020

Sitôt sorti du confinement, Robin Meyer n’a pas tardé à se remettre en selle et a avaler les kilomètres sur le bitume, comme bon nombre de ses coéquipiers, après une période « d’abstinence » difficile à vivre « physiquement et moralement« . Lâché dans la nature, Robin n’attend plus qu’une chose désormais : connaître l’issue réelle de cette saison pour se remettre la tête dans la guidon.

Robin, comment auras-tu vécu moralement et physiquement cette longue période de confinement ?
Ça n’a pas été facile du tout ! Il y a eu d’abord une première phase brutale où il a fallu comprendre et accepter ce qui se passait. On y était vraiment pas préparé. On a été privé du jour au lendemain de l’un des droits fondamentaux le plus important, celui de la liberté. Une décision dure à accepter. Pendant les deux premières semaines, j’étais toujours motivé à m’entraîner et à « jobber » comme si la saison continuait. Au début du confinement on ne savait pas trop ce qui allait se passer. On pouvait penser que les courses allaient reprendre en juin… J’attendais beaucoup de cette saison donc j’ai eu du mal à réaliser qu’elle était peut-être terminée. Et puis ce fut le cas. Je suis vraiment tombé de haut à ce moment là. Il y a eu ensuite la deuxième phase où là j’étais à la limite de la déprime. Je n’avais plus envie de faire de séances d’entraînement (footing, HT) qui me coûtaient beaucoup mentalement alors qu’on ne savait même pas si on allait pouvoir remonter sur un vélo. Le plus dur aura été de tourner en rond chez moi alors que je suis habitué à toujours courir partout sans avoir le temps de me poser, de ne plus voir ses proches, ses amis et ma copine. J’en ai parlé à Olivier (mon entraîneur). On s’est mis d’accord pour que je me fasse encore « fureur » une semaine avant de me reposer physiquement et mentalement pendant deux semaines. Les derniers instants ont été alors les moins compliquées à gérer car je savais que la fin était proche.

D’après toi, est-ce que cet arrêt brutal a pu se vivre comme une longue blessure que tout coureur peut rencontrer lors d’une course ?
L’approche est différente. Une blessure selon le moment où elle intervient dans la saison peut aussi être un coup d’arrêt brutal et difficile à accepter mais au moins on sait pourquoi on ne peut plus s’entraîner librement alors que là on était privé de rouler. Et à vrai dire, je pense qu’on aurait pu se passer de cette mesure. Je ne vois pas en quoi un cycliste seul de notre niveau (donc qui sait normalement tenir sur un vélo) était un risque dans cette crise même si on nous disait que ce dispositif était fait pour ne pas surcharger les hôpitaux en cas de chute. A mon avis, je pense qu’il y a eu plus d’accidents de jardinage pendant ce confinement que d’accidents de vélo… Le fait aussi de ne pas savoir quand nous allons remettre un dossard est très dur mentalement.

Y a t-il un moment, une image qui t’aura particulièrement marqué ou touché durant cette période ?
Le jour où je me suis fais arrêter et contrôler par les gendarmes alors que je courrais tout seul dans la garrigue. Je n’ai pas eu d’amende mais ça m’a fait un déclic.

Le groupe a-t-il repris contact ?
On a jamais cessé d’être en contact sur nos groupes des réseaux sociaux.

Les premiers coups de pédales à ciel ouvert n’ont pas été trop « douloureux » ?
Beaucoup plus douloureux que ce à quoi je m’attendais. Je n’avais pas de mauvaises sensations sur le home trainer mais sur la route le coup de pédale n’était pas bon du tout ! Il faut dire que je n’avais pas choisit les parcours les plus faciles pour une reprise. Mais en cette fin de semaine ça va déjà mieux. Il faut aussi le temps d’éliminer tous les excès alimentaires pendant cette période, je transpire beaucoup !

As tu une idée de la manière dont la saison va reprendre ?
Non, pas vraiment.

Le staff technique vous a-t-il programmé un planning individuel et collectif en vue d’éventuelles courses cet été ?
J’ai eu Jean-Michel (Bourguoin) au téléphone récemment à ce sujet. il m’a dit qu’il allait rapidement nous envoyer un planning de remise en route pour la reprise de la saison qui est pour le moment annoncée début août.

T’es tu déjà projeté dans cette seconde moitié d’une saison (objectif de course en août, septembre…) ?
Pour le moment j’essaye de ne pas me prendre la tête avec ça. Je vais quand même suivre un plan d’entraînement et reprendre de bonnes habitudes mais sans en faire trop non plus jusqu’à qu’on soit fixé sur la date de la reprise…si reprise il y a ! Je n’ai pas envie de me remotiver à bloc et de tomber de haut une nouvelle fois… Pour l’instant je profite de la liberté qu’on a de pouvoir de nouveau rouler librement dans mes endroits préférés !

D’après toi, il faudra combien de temps pour que les coureurs retrouvent leur niveau après cet arrêt de 2 mois ?
Tout dépend. Personnellement, je pense que si la saison avait repris mi-juin, en me remotivant et en faisant le métier à bloc, j’aurais été prêt.