24 novembre 2014

Mathieu Delarozière savait depuis longtemps que 2014 serait sa dernière année. Auteur de deux belles années chez les « Vert et Noir », l’ancien professionnel s’oriente vers le management. On retiendra de ses années Aixoises, les 5 succès glanés et la transmission de sa précieuse expérience. Avant de raccrocher définitivement, il a tenu à se faire plaisir sur deux courses exotiques. Pari réussi puisqu’il a notamment remporté une étape du Tour de la Réunion. Mathieu revient sur ces épreuves et nous explique ses choix.

Mathieu, il y a quelques semaines, tu as couru le Tour de la Réunion et le Tour de Nouvelle-Calédonie. Comment t’es tu retrouvé à participer à ces deux épreuves ?

Dans un premier temps, on devait participer au Championnat de France Piste avec l’AVC Aix, mais cela n’a pas pu se faire. Donc au dernier moment, j’ai contacté un ami Réunionnais pour savoir si je pouvais participer au Tour de la Réunion. J’avais envie de terminer sur une belle course exotique et j’ai toujours rêvé de découvrir celle-ci.  J’ai contacté également l’organisateur et j’avais entendu dire aux 4 jours des as qu’une équipe de métropolitains se montait pour la Réunion. J’ai réussi à être invité au Tour de la réunion et à prendre mon billet in extremis une semaine avant l’épreuve.Concernant le Tour de Nouvelle-Calédonie , c’est à la Réunion que mon ami Thierry Fondère m’a proposé de l’aider à remporter l’épreuve. J’ai choisi de relever ce défi même si au niveau de la logistique c’était compliqué. J’ai été obligé de repasser par la France et j’ai du prendre une bonne dizaine d’avions en quinze jours!

Dans un premier temps, raconte-nous ton Tour de la Réunion. Tu as même remporté une étape !

En arrivant sur l’île de la Réunion, je découvre une page dans le journal avec une photo de moi sous les couleurs Aixoises. Cet article élogieux me place à ma grande surprise comme le favori de l’épreuve. Du coup, j’étais très surveillé les premiers jours de course et je n’ai pas pu m’exprimer comme je le voulais malgré une forme excellente. Le terrain très vallonné , la façon de courir et la très forte chaleur m’ont convenu à merveille. Je parviens à m’imposer en solitaire sur une étape. Cela restera un de mes plus beaux souvenirs de cyclisme.

Tu remportes également le Tour de Nouvelle Calédonie avec ton coéquipier, Thierry Fondère.

Entre la Réunion et la Nouvelle-Calédonie, j’ai très peu roulé entre les vols et la fatigue. Je ne savais absolument pas dans quelle forme j’arrivais en Nouvelle-Calédonie. Finalement, dès le premier jour les sensations sont excellentes et je passe tout près de la victoire (devant toute la journée). Ensuite, j’enchaîne bien les jours et je mets en place de bons schémas tactiques en tant que capitaine de route. Mon équipier Thierry Fondère , le meilleur coureur Calédonien, parvient enfin à la consécration en s’imposant dans son Tour national après un travail colossal de toute l’équipe. Je parviens même à décrocher une 5ème place inespérée au classement général. Ça restera un de mes meilleurs souvenirs de ma carrière également. L’ambiance était incroyable, l’équipe nous a mis dans les meilleures conditions et nous sommes parvenus à conserver le maillot jaune pratiquement pendant toute l’épreuve en courant intelligemment et collectivement.

Quel est l’engouement sur ce type d’épreuves ?

L’engouement est fabuleux et encore plus pour les coureurs locaux. On ne voit pas cela sur nos épreuves. Les gens sont vraiment passionnés de cyclisme et les coureurs sont respectés. Dans ces deux courses un coureur local à gagné et le public a manifesté son soutien tout au long de l’épreuve. Les gens sont très gentils, ils connaissent les coureurs et nous encouragent beaucoup.
Il y a des pages dans les journaux et même un reportage télé très complet, tous les soirs.
En Nouvelle-Calédonie, le dernier jour lors du criterium, on avait l’impression d’être sur les Champs Elysées. Il y avait un monde fou, tous habillés en jaune, qui hurlait le nom du vainqueur et de notre équipe. Lors du tour d’honneur , j’avais les frissons, je n’oublierai jamais ça..
Au supermarché, les jours après la course, les gens nous reconnaissaient et on signait des autographes. On a même fait l’ouverture du 20h local. Le vélo peut apporter des émotions incroyables.

Où situes-tu le niveau ?

Le niveau est hétérogène, mais il y a de très bons coureurs dans les deux épreuves. Les locaux sont surmotivés et préparent cet événement toute l’année. La plus grosse différence est surtout que la course est beaucoup moins cadenassée et que ça attaque dans tous les sens, du début à la fin. La chaleur extrême rend la course particulière aussi. On assiste donc à des courses courtes mais particulièrement intenses et difficiles à courir tactiquement.

Revenons sur ta saison, comment tu juges cette année 2014 ?

Après une très bonne saison 2013 où j’ai pris beaucoup de plaisir , j’étais bien motivé pour repartir avec l’AVC Aix. J’ai passé l’hiver en Australie où j’ai beaucoup couru et roulé. J’ai donc eu un début de saison en dents de scie avec quelques bons résultats comme une 10ème place au Jean Masse. Tout le monde marchait dans l’équipe alors j’ai souvent préféré me mettre au service de coureurs comme Clément Penven ou Anthony Maldonado qui méritaient de passer professionnels.
J’ai beaucoup enchaîné les courses et je pense que la fatigue accumulée l’hiver s’est ressentie durant la saison. J’ai décidé de me reposer puis de bien préparer la fin de saison et cela m’a réussi avec une seconde place au classement général des As et de bonnes performances lors des courses « exotiques » de fin de saison.

Quels souvenirs garderas-tu ?

Le meilleur souvenir sera surement la victoire de Clément Penven au Tour de Franche Comté où toute l’équipe s’est mise à la planche et nous avons fait un excellent boulot sur la dernière étape de montagne avec des coureurs plutôt réputés sprinters. A titre personnel, ma victoire au tour du Centre Var avec l’aide d’Anthony Maldonado restera également un excellent souvenir.
Le pire, c’est sans hésiter, le Championnat de France Elite où j’avais à cœur de briller puisque je l’avais bien préparé. J’ai pris la course à l’envers et je ne me suis pas fait plaisir du début à la fin sur ce grand rendez-vous de la saison.

Tu as donc décidé de mettre un terme à ta carrière, pourquoi ce choix ? Quand as-tu pris cette décision ?

Dès le début de saison, j’avais pris la décision de stopper ma carrière en fin d’année. Le cyclisme est un sport particulièrement exigeant et je crois qu’il ne faut pas le pratiquer par dépit mais seulement par passion. Même si la passion est toujours intacte, je sens depuis un moment que j’ai de plus en plus de mal à prendre les risques nécessaires en course. Et il est aussi difficile d’enchaîner les longs déplacements pour aller faire les grandes courses quand on vit dans le sud. J’ai le sentiment d’avoir fait le tour de la question. J’ai connu l’équipe de France, remporté la Coupe de France DN1, vécu deux saisons chez les professionnels, parcouru le monde pour les compétitions… Je ne voulais pas faire la saison de trop. Je suis content d’avoir fini en beauté et je tourne la page sereinement.

As-tu des projets pour la suite ? Tu as récemment annoncé que tu prenais les rennes de l’équipe du VC La Pomme Marseille. »

J’ai de nombreux projets car il y a pleins de domaines qui me passionnent dans la vie. On m’a souvent dit que je devrais devenir Directeur sportif ou Entraîneur mais j’attendais d’en être vraiment sûr. J’ai vu sur les dernières saisons que j’avais vraiment ça en tête.En effet, en 2015, je serais le manager d’une nouvelle équipe de jeunes espoirs chez mon ancien club du VC La Pomme Marseille. C’est un beau défi passionnant avec plein de travail en perspective. Je souhaite tout le meilleur à l’AVC Aix pour 2015 et pour le futur et je remercie tous les gens qui m’ont aidé au club.